Artiste

Sam Szafran

1934–2019

Sam Szafran (né en 1934 à Paris, France ; décédé en 2019 à Malakoff, Hauts-de-Seine, France) fut l’un des peintres et dessinateurs français majeurs de l’après-guerre. Il fut vénéré en France pour ses images précises et psychodramatiques, exécutées dans un style unique et obsessionnel qui le distingua des courants dominants. Né Sami Berger dans une famille juive polonaise immigrée, il échappa à la rafle du Vel’ d’Hiv en 1942 durant l’Holocauste mais fut finalement capturé et emprisonné à Drancy alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Il fut libéré par les Américains et émigra en Australie en 1947, après que son père et une grande partie de sa famille eurent été assassinés dans les camps nazis.

 

En 1951, après plusieurs années d’exil à Melbourne, Szafran retourna à Paris. En 1953, il s’inscrivit aux cours de dessin de l’Académie de la Grande Chaumière. Au début des années 1950, il passa de nombreuses heures dans les cafés de Montparnasse, où il rencontra Chet Baker, Jean Arp, Jean-Paul Riopelle, Raymond Mason, Yves Klein, Henri Cartier-Bresson et Jacques Kerchache, qui devint son premier marchand. Il vécut souvent dans le dénuement et lutta contre une addiction à l’héroïne. Sa rencontre avec Alberto Giacometti constitua une expérience déterminante qui influença profondément son travail et l’encouragea à poursuivre la figuration ainsi qu’à concentrer son regard sur un motif unique. Szafran commença à étudier les escaliers au début des années 1960 et devint obsédé par celui du 54, rue de Seine. Sa série Escalier adopta une perspective dynamique afin de transmettre une sensation vertigineuse, un mouvement tourbillonnant rappelant le vertige, la peur ou la claustrophobie des films d’Hitchcock. L’escalier, se faisant progressivement plus abstrait, explora les notions de perspective et d’espace, rendues avec un soin méticuleux.

 

Parallèlement à cette série, Szafran peignit aussi des compositions luxuriantes et denses représentant les intérieurs de ses ateliers. Il y combina les éléments du studio, tels que le toit et ses matériaux de travail, à une abondance de plantes, notamment des philodendrons, qui devinrent un motif central de son œuvre. Les figures humaines, généralement des femmes vêtues de kimonos, furent souvent repoussées aux marges de la composition, au point de se voir parfois dissimulées par le feuillage. L’attention se déplaça des figures vers les motifs et textures complexes des kimonos, faisant écho aux formes naturelles des plantes environnantes. Szafran représenta le plus souvent ses sujets au pastel, parfois à l’aquarelle, et mena une recherche technique précise et obsessionnelle sur un nombre restreint de thèmes. Le pastel, réputé pour sa difficulté, exigea exactitude et équilibre minutieux des couleurs et des textures ; cette exigence rendit son travail d’autant plus remarquable.

 

En 1957, Szafran participa au Salon des Indépendants à Paris. Sa première exposition personnelle eut lieu en 1965 à la Galerie Jacques Kerchache, à Paris. Plusieurs rétrospectives de son œuvre furent ensuite organisées à la Fondation Gianadda (Martigny, Suisse : 1999–2000, 2013, 2023), à la Fondation Maeght (Saint-Paul-de-Vence, 2000), au Musée de la Vie Romantique (Paris, 2000–2001), au Max Ernst Museum (Brühl, Allemagne, 2010) et au Musée de l’Orangerie (Paris, 2023). Szafran reçut de nombreuses distinctions, dont le titre de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2013 et le Grand Prix des Arts de la Ville de Paris en 1993. Ses œuvres intégrèrent des collections majeures à travers le monde, notamment au Metropolitan Museum of Art (New York), au Centre Georges Pompidou (Paris), au Musée d’Orsay (Paris), ainsi qu’à la Fondation Maeght et à la Fondation Gianadda.

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